Fireflyflo installe des portes de fée !

Depuis le mois de mai 2024 l’artiste berlugane Flora Doin aka « FireFlyFlo » installe des « portes de fées » dans les rues de la commune. Interview de cette créatrice pleine d’imagination !

D’où vient votre pseudo « FireFlyFlo » ?

C’est un pseudo que j’ai depuis le lycée… L’air de rien, ça date un peu (rire). A l’époque mon petit ami était fan du bassiste des Red Hot Chili Peppers qui criait souvent sur scène « Flea Fly Flow », et moi de mon côté j’étais fan de sirènes, de fées et… de lucioles (« FireFly » en anglais). L’influence des deux a donné « FireFlyFlo ». Puis Flo pour Flora aussi…

Reste à le dire sans zozoter… 

D’où vient cette idée de créer des petites portes magiques ?

Flora Doin aka FireFlyFlo devant la porte installée au Cinéma de Beaulieu

Au tout départ, j’ai fabriqué une petite porte pour la coller chez moi, après avoir perdu mon papa. J’avais envie qu’il puisse revenir de l’au-delà quand bon lui semble, alors j’ai mis cette porte symboliquement, pour lui dire « tu reviens quand tu veux ». Je pense qu’inconsciemment, c’était aussi un clin d’œil à son père à lui, mon grand-père, qui nous avait laissé un mot avant de partir « Je suis juste là, de l’autre côté de la porte ».

Puis ça m’a plu d’en faire une, alors j’en ai fait deux, puis trois, puis plein ! 

Le mois suivant on partait à Paris, je les ai prises avec moi et j’en ai collé partout. Mon compagnon Alexandre me traite de vandale depuis (rire). Ça fait 10 ans cette année que je « vandalise » gentiment les villes où je voyage. Je leur ajoute une petite touche de couleur quoi ! ^^

Quels sont les lieux les plus insolites où elles ont été installées à travers le monde ?

Le plus insolite c’est sur une bouée des 300m, « au large » de la promenade des anglais. J’y suis allée à la nage en tenant ma porte et ma colle en dehors de l’eau, c’est pas mon meilleur record de nage, tu t’en doutes…

Le reste n’est pas spécialement insolite, des murs, des recoins rigolos, des escaliers, boites à livres… Bon y en a une qui a vue sur la Tour Eiffel tout de même… Et une autre sur une péniche parisienne… Au Canada certaines fées se baignent dans les chutes de Montmorency, aussi…

Installation d'une porte de fées à l'école maternelle Lu Nistou de Beaulieu-sur-Mer en mai 2024

Quand j’ai le temps j’essaye de réfléchir avant aux couleurs ou motifs à emporter avec moi…

Sur l’île vénitienne de Burano, je les ai peintes assorties aux maisons colorées qu’on trouve là-bas ! C’est l’endroit où je me suis le plus régalée à en mettre je crois. L’île entière est un repaire de fées aux maisons vives et joyeuses. J’avais l’impression d’être chez moi. Tu me diras, j’ai des ancêtres vénitiens… Et les cheveux aussi 😅 Ceci explique peut-être cela ? 

Comment sont-elles fabriquées ?

J’ai varié de techniques et de matières au fil des années… Les premières étaient en pâte Fimo.

Les suivantes en spatules de bois. J’en avais moins pour ma cire à épiler mais faut faire des choix dans la vie (rire).

Ensuite il y en a eu en résine coulée dans des moules en silicone que je fabriquais au préalable…

Puis quelques unes sculptées en 3D sur un logiciel OpenSource (« Sculptris », essayez, c’est dément ! Pour les plus geeks d’entre vous…). Il a fallu que j’apprenne à imprimer en 3D et ça c’est une autre paire de manches… Mais ce que je préfère finalement, aussi bien pour mes figurines que pour mes portes, c’est apprendre de nouvelles choses, tester de nouveaux outils, qu’ils soient très manuels ou numériques. Tout est amusant !

Plus récemment, j’ai cherché un matériau plus sain. Les odeurs de pâte polymère ou de résine dans la maison, avec un nourrisson ce n’était plus possible… Ça fait réfléchir de façon plus large à la planète aussi, quand on devient parent… Alors je me suis mise au plâtre. Et j’adore ! C’est de loin ma matière préférée ! J’apprécie chaque étape :

  • La pluie de plâtre qu’il faut verser dans l’eau lentement en tournant le récipient au fur et à mesure pour éviter les bulles d’air et les grumeaux…
  • Le touillage doux du mélange
  • Le coulage dans les moules de silicone en remplissant d’abord les petits endroits plus fins (poignées, gonds, motifs…)
  • Le démoulage 
  • Et la peinture ! Ce n’est pas du tout pareil de peindre du bois, de la résine ou du plâtre ! Avec le plâtre, l’eau du pinceau est immédiatement absorbée et l’acrylique ressort à la surface. On a un rendu immédiat, très satisfaisant dès la première couche. C’est encore plus magique avec des peintures irisées : la couleur s’enfonce et la partie irisée reste en surface. J’aurais du mal à repasser sur d’autres matières pour le moment …

Tiens tu me donnes envie de me fabriquer un badge « Plâtre Forever » !

Est-ce que certaines portes ont une histoire particulière ?

Oui ! Celles que je propose à la vente sont toujours accompagnées d’une histoire et celles que j’ai cachées dans Beaulieu aussi. J’ai commencé à faire une carte interactive des portes berluganes et lorsqu’on clique sur les pictos en forme de clefs, on peut découvrir une photo de chaque porte et sa toute petite histoire : https://www.fireflyflo.fr/les-portes-berluganes/

Un ami d’enfance m’a écrit ceci il y a quelques mois : « je voudrais commander une collection de livres pour enfants de tous âges dont l’histoire commence à chaque fois par une de tes portes dissimulées dans les rues ». L’idée me trotte dans la tête depuis…

Comment sont choisis les lieux où elles sont implantées à Beaulieu-sur-Mer ?

C’est d’abord soumis à validation. D’habitude quand je voyage, je ne me pose pas la question et c’est pour ça qu’Alexandre me traite de vandale 😅 Mais à Beaulieu c’est différent. On m’a officiellement demandé de le faire. À condition que ce ne soit pas sur le mur d’un particulier sans son accord, ou sur un monument historique bien sûr… Donc généralement, je demande l’autorisation avant chaque pose de porte et c’est parti ! Pour l’instant je ne me suis pas encore faite taper sur les doigts ^^ 

Et puis j’ai tenu à commencer par le cinéma de Beaulieu qui a soutenu tous mes petits projets créatifs depuis le début, ainsi qu’à la galerie L’Atelier où j’ai exposé l’an dernier… J’en aurais bien mis une à la chapelle en clin d’œil à ma toute première expo de figurines mais le bâtiment date du XIe siècle et j’entends mon père dans l’oreillette me dire « Fleura (il prononçait mon prénom comme ça quand il était un peu fâché), pas de bêtises ! »

Une anecdote à nous raconter sur une pose de porte un peu spéciale ?

Oui, justement, à propos de ce que je viens de te dire. Mon père a beaucoup œuvré pour le patrimoine berlugan et s’est aussi battu pour conserver la Villa de May, grâce à M. le Maire c’est devenu notre Conservatoire de Musique. J’y ai un attachement particulier. Il faut donc impérativement que je mette une porte là-bas, mais sans toucher au bâtiment lui-même. J’y réfléchis …

Des projets dans le futur ?

Écrire un livre avec des histoires de portes magiques ? On verra … Je me laisse toujours un peu flotter …

auteur de l’article

Simon Tripnaux